Sculpture

Entre nature, mythe et création

Quand la forêt se fait temple et le bois sculpté, mémoire des anciens.

Croire en l’existence de divinités, de fées et d’êtres surnaturels qui veillent, dans l’ombre, sur nos forêts, nos rivières et nos montagnes ? Pour plusieurs, la réponse coule de source, émergeant à la faveur d’une émotion singulière, un frisson incontrôlable ressenti au détour d’un sentier, sur la berge d’un lac baigné de brume, au cœur d’une hêtraie silencieuse. Il y a dans le spectacle du monde, à l’état brut, une magie ancestrale qui échappe aux mots et aux certitudes modernes.

Ceux et celles qui, face à cette oppression douce ou à cette euphorie presque sacrée, choisissent d’ouvrir leur esprit plutôt que de s’échapper en courant, accèdent à une communion rare. Le voile du réel vacille : quelque chose, ou plutôt quelqu’un, semble participer à la fête silencieuse de la nature. Est-ce le vieux souffle des ancêtres, des esprits tapis dans les racines, ou la présence fugace d’une divinité païenne ? Les Celtes, les Gaulois, savaient lire dans le bruissement des feuilles et le chant des sources. Pour eux, l’arbre était la colonne vertébrale de l’univers, la passerelle entre la terre féconde et l’infini du ciel.

L’arbre, dans la symbolique celte, n’est pas qu’un être vivant : il est sanctuaire, archive et guide. Par ses racines, il dialogue avec la mémoire de la terre ; par ses branches, il offre à la lumière un chemin vers le monde des esprits. On dit même que l’âme des ancêtres s’y abrite, que chaque tronc recèle un visage qui n’attend qu’un sculpteur pour renaître.

C’est là qu’intervient Elie Dumas, artisan du bois, dont le rapport à la matière relève d’un pacte tacite avec l’invisible. Pour cet artiste, choisir une pièce de bois flotté n’est pas un acte de sélection rationnelle. C’est le morceau, venu de l’Allier, qui s’impose à sa conscience, porteur d’une histoire ancienne, d’une charge mystérieuse. Le geste créateur n’obéit alors à aucun plan, à aucun dessin tracé d’avance. Ce sont des forces obscures, et cependant familières, qui guident la main et le regard : gouges et ciseaux réveillent, sous la surface, des visages endormis, émissaires d’un ailleurs insoupçonné.

Ainsi, l’œuvre naît dans ce dialogue ininterrompu entre le visible et l’invisible, entre la main et l’esprit, entre l’humain et ce qui le dépasse. Les sculptures d’Elie Dumas, façonnées à l’instinct, sont autant de fenêtres entrouvertes sur l’ancien monde, celui où la nature regorgeait de présences, de secrets et d’enseignements. Elles rappellent que la forêt demeure un sanctuaire vivant, où les frontières du réel sont faites pour être franchies, et où chaque arbre porte, en silence, l’écho des légendes oubliées.

Belenus, le guérisseur

– Bois flotté, 2022

Belenus, le guérisseur

– Bois flotté, 2024

Borenos

– Bois flotté, 2024

Boruo

– Bois flotté, 2023

Caleos

– Bois flotté, 2025

Dorminus

– Bois flotté, 2025

Lalonus

– Bois flotté, 2025

Sceptre

– Bois flotté, 2025

Lugus

– Bois flotté, 2025

Ortego Rex

– Bois flotté, 2024

Trevero

– Bois flotté, 2025

Druide, Le Sage

– Bois flotté, 2023

Uediiumi

– Bois flotté, 2025

Trexo

– Bois flotté, 2025

Vidlua, magicienne qui envoûte les sorcières

– Cep de vigne, 2022